mercredi 16 mai 2012

La délicatesse


Le début du roman nous décrit la vie d’un couple heureux. Le bonheur que tout un chacun espère vivre toute sa vie. Autrement dit, cette situation illustrée dans le roman est tout à fait banale pour un lecteur avéré. Seulement avec un tel calme et une telle sérénité, le lecteur s’attend au surgissement d’un événement qui va balayer cet état et installer un climat différent même provisoirement. Un roman où rien n’arrive de bouleversant est rarement porteur de succès.
Comme dans la vie, dans ce roman la fatalité intervient. Nathalie perd son mari et affronte le vide. Comment va-t-elle se reconstruire ? Peut-elle dépasser ce stade après avoir perdu, à jamais, une partie d’elle ? Arrivera-t-elle à oublier son mari et refaire sa vie avec quelqu’un d’autre ? Comment l’auteur va-t-il développer ce récit tout en captivant le lecteur ?

Charles pêche dans des eaux troubles. Peut-être il agit bien pour Nathalie qui doit laisser son passé derrière elle et continuer sa vie. Certes l’affaire n’est pas simple, mais elle ne peut pas continuer à se priver des moments heureux. L’expérience douloureuse qu’elle a vécue la laisse effrayée à l’idée de s’embarquer dans une nouvelle relation. Mais la nature va prendre le dessus et Nathalie ne peut qu’être objet de cette nature humaine face à laquelle elle ne peut rien. L’humain a besoin de l’autre pour vivre.
Le personnage de Charles incarne l’homme malheureux. Il a un statut, une femme, une fille mais il lui manque quelque chose, du sel dans tout ça ! Nathalie ne le laisse pas indifférent. Il est tombé sous son charme. Il essaye vainement un rapprochement. Il lui dit: « Je ne te plais pas, c’est ça ? » et puis quoi encore ? À ce point ? Il ne te reste qu’à t’agenouiller pour l’implorer de t’aimer. Ton cas est délicat.  Prends un peu de hauteur, tu es très bas. Essaye de remédier à ton cas, à ta vie  « conjucalme » avec ta femme.
Et Nathalie de répondre : « Non, tu ne me plais pas ». Cette réponse peut être utile pour le rapprochement entre François et sa femme Laurence.
Chloé va avoir un rôle considérable pour le retour de Nathalie à son état normal d’une femme. Au lieu de sombrer éternellement dans son deuil, Nathalie va, grâce à  Chloé, retrouver ses désires et ses envies d’autres fois.
Physiquement désagréable, Markus entre en scène. Que va-t-il se passer ? Nathalie continuera-t-elle à s’accrocher à ses souvenirs après trois ans de deuil?
Markus est devant elle, elle l’embrasse longuement sans qu’il ne comprenne rien (Le pauvre en oubliera le code d’accès de son immeuble). Elle ne comprend pas non plus ce qu’il lui arrive. Il l’invite à un dîner. Elle  accepte. Elle  passe une belle soirée. Elle le trouve marrant, différent des autres.
Plus les autres trouvent que Markus ne lui correspond pas, plus elle est attirée par lui. L’agitation au sein de l’entreprise est telle, à cause de leur rapprochement, qu’ils décident de prendre la fuite et se libérer de ce climat oppressif.
Évidemment, comme la majorité des lecteurs je suppose, ce roman m’a touché non pas parce qu’il s’agit d’un roman sentimental mais parce qu’il donne l’occasion de réfléchir sur le deuil et de mesurer à quel point la vie, après la perte d’un être cher, est difficile. Heureusement il y a le temps qui, petit à petit, cicatrise les blessures mais sans les faire oublier.
 Le passage que j’ai aimé et le suivant :
«  Et fut saisie tout particulièrement par la vision du marque-page. Le livre était ainsi coupé en deux ; la première partie avait été lue du vivant de François. Et à la page 321, il était mort. Que fallait-il faire ? Peut-on poursuivre la lecture d’un livre interrompu par la mort de son mari ? »
Dans ce passage, le mot livre peut être assimilé au mot vie. Avec la perte d’un proche, on a l’impression que la vie s’arrête, mais seulement on a l’impression parce que la mort fait partie de la vie. Chacun de nous préfère vivre  sans souffrir, mais  faut-il s’arrêter de vivre avec la perte d’un être cher ?

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