Le début du
roman nous décrit la vie d’un couple heureux. Le bonheur que tout un chacun
espère vivre toute sa vie. Autrement dit, cette situation illustrée dans le
roman est tout à fait banale pour un lecteur avéré. Seulement avec un tel calme
et une telle sérénité, le lecteur s’attend au surgissement d’un événement qui
va balayer cet état et installer un climat différent même provisoirement. Un
roman où rien n’arrive de bouleversant est rarement porteur de succès.
Comme dans
la vie, dans ce roman la fatalité intervient. Nathalie perd son mari et
affronte le vide. Comment va-t-elle se reconstruire ? Peut-elle dépasser
ce stade après avoir perdu, à jamais, une partie d’elle ? Arrivera-t-elle
à oublier son mari et refaire sa vie avec quelqu’un d’autre ? Comment l’auteur
va-t-il développer ce récit tout en captivant le lecteur ?
Charles
pêche dans des eaux troubles. Peut-être il agit bien pour Nathalie qui doit
laisser son passé derrière elle et continuer sa vie. Certes l’affaire n’est pas
simple, mais elle ne peut pas continuer à se priver des moments heureux. L’expérience
douloureuse qu’elle a vécue la laisse effrayée à l’idée de s’embarquer dans une
nouvelle relation. Mais la nature va prendre le dessus et Nathalie ne peut
qu’être objet de cette nature humaine face à laquelle elle ne peut rien.
L’humain a besoin de l’autre pour vivre.
Le
personnage de Charles incarne l’homme malheureux. Il a un statut, une femme,
une fille mais il lui manque quelque chose, du sel dans tout ça ! Nathalie
ne le laisse pas indifférent. Il est tombé sous son charme. Il essaye vainement
un rapprochement. Il lui dit: « Je
ne te plais pas, c’est ça ? » et puis quoi encore ? À ce
point ? Il ne te reste qu’à t’agenouiller pour l’implorer de t’aimer. Ton cas
est délicat. Prends un peu de hauteur,
tu es très bas. Essaye de remédier à ton cas, à ta vie « conjucalme » avec ta femme.
Et Nathalie
de répondre : « Non, tu ne me plais pas ». Cette réponse peut
être utile pour le rapprochement entre François et sa femme Laurence.
Chloé va
avoir un rôle considérable pour le retour de Nathalie à son état normal d’une
femme. Au lieu de sombrer éternellement dans son deuil, Nathalie va, grâce à Chloé, retrouver ses désires et ses envies
d’autres fois.
Physiquement
désagréable, Markus entre en scène. Que va-t-il se passer ? Nathalie
continuera-t-elle à s’accrocher à ses souvenirs après trois ans de deuil?
Markus est
devant elle, elle l’embrasse longuement sans qu’il ne comprenne rien (Le pauvre
en oubliera le code d’accès de son immeuble). Elle ne comprend pas non plus ce
qu’il lui arrive. Il l’invite à un dîner. Elle
accepte. Elle passe une belle
soirée. Elle le trouve marrant, différent des autres.
Plus les
autres trouvent que Markus ne lui correspond pas, plus elle est attirée par
lui. L’agitation au sein de l’entreprise est telle, à cause de leur
rapprochement, qu’ils décident de prendre la fuite et se libérer de ce climat
oppressif.
Évidemment,
comme la majorité des lecteurs je suppose, ce roman m’a touché non pas parce
qu’il s’agit d’un roman sentimental mais parce qu’il donne l’occasion de
réfléchir sur le deuil et de mesurer à quel point la vie, après la perte d’un
être cher, est difficile. Heureusement il y a le temps qui, petit à petit,
cicatrise les blessures mais sans les faire oublier.
Le passage que j’ai aimé et le suivant :
« Et fut saisie tout particulièrement par
la vision du marque-page. Le livre était ainsi coupé en deux ; la première
partie avait été lue du vivant de François. Et à la page 321, il était mort.
Que fallait-il faire ? Peut-on poursuivre la lecture d’un livre interrompu
par la mort de son mari ? »
Dans ce
passage, le mot livre peut être assimilé au mot vie. Avec la perte d’un proche,
on a l’impression que la vie s’arrête, mais seulement on a l’impression parce
que la mort fait partie de la vie. Chacun de nous préfère vivre sans souffrir, mais faut-il s’arrêter de vivre avec la perte d’un
être cher ?
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