mercredi 4 avril 2012

A la brocante du cœur

C’est la fin de l’année scolaire. Jason, douze ans, réfléchit à sa première journée loin des locaux de l’école. Alors que l’on s’apprête à vivre avec lui sa journée, on est surpris de la mort d’Alicia, une fille de sept ans que Jason apprécie. Mais qui l’a tuée et pourquoi ? Jason  a passé l’après-midi avec elle. Il est très touché par le sort de cette jeune fille.
La machine judiciaire se met en branle. Font leur apparition l’inspecteur George Braxton et le sénateur Harold Gibbons. Ce dernier affirme : « la ville a besoin d’une arrestation ». Une question s’impose alors : pourquoi «  une arrestation »  (un groupe nominal orphelin. Un déterminant indéfini + un nom sans complément) au lieu de «  l’arrestation du coupable » ?...
Puisque Jason est  le dernier à avoir vu Alicia, il est interrogé, chez lui, par l’inspecteur Bruxton. Aucune preuve n’est à la charge de quiconque. Un mystère. Un mystère que la justice ne va pas prendre la peine de percer. Elle a Jason comme suspect et elle va le faire avouer. Bruxton est convaincu que l’enfant est coupable.  La mission est confiée à Trent, un spécialiste de l’interrogatoire. Il fera son travail moyennant une récompense alléchante : « Faites l’addition vous-même » lui dit le sénateur.
L’interrogatoire est impitoyable. On dirait que l’on est face à un adulte criminel bien accompli : « Il faudrait manœuvrer plus prudemment ». Ici, l’objectif est de faire avouer Jason d’un fait qu’il n’a pas commis. Le garçon répète qu’il n’a rien d’autre à ajouter et qu’il est fatigué mais Trent enchaîne avec des questions qui dépassent l’esprit de l’enfant. Il ne peut plus, ce garçon.
Malgré son intime conviction de l’innocence de Jason, Trent continue son acharnement. L’enfant vient aider la police, mais on lui propose de l’aider. C’est un accusé et il risque gros. Avec cette violence psychologique subie, cette manipulation, cette position de faiblesse et l’endroit étouffant de l’interrogatoire, on sent que Jason va dire une grosse et épaisse bêtise pour se libérer, une parole dont il ne peut mesurer les conséquences. Le moment présent est une éternité, autant en finir en faisant entendre ce que Trent veut entendre.
Que c’est difficile pour le lecteur de terminer la deuxième partie de ce roman.
 Que le coupable de la mort d’Alicia soit découvert  n’a pas d’importance.
Trent, un actant monstre, a opéré un changement sur Jason, un enfant innocent. Il l’a tué et remplacé par un autre Jason, une créature de l’homme inhumain.
            Trouvez-vous qu’il s’agit d’une fin heureuse ?

mardi 3 avril 2012

Le livre qui dit tout



 


Normalement un enfant doit être heureux mais, hélas,  notre Thomas ne l’est pas et  aimerait bien l’être plus tard. La religion est lourdement présente dans ce roman, elle écrase l’enfant ainsi que sa petite famille. Le dimanche, pour lui, est un jour de trop comme chez Jules Laforgue (Les dimanches), mais qu’est-ce qu’on s’ennuie !
La mère qui veut savoir pourquoi  le père demande-t-il à son fils de se lever de la table reçoit  la première réponse du Pharaon : « Parce que je l’ai dit » ; la deuxième est une gifle parce qu’elle essaye de défendre son fils. S’ensuit l’épisode de la fessée… Une fessée qui n’est pas celle venue de la main de Mlle Lambercier et qui a donné du plaisir au petit Jean Jacques Rousseau, c’est une torture qui fait davantage noircir l’image du père chez l’enfant.  Ici, le petit Thomas se trouve devant un paradoxe difficile à expliquer, c’est celui de la bonté de dieu et la méchanceté de celui qui se réclame fidèle à ce même dieu qui, apparemment,  n’a pas d’yeux pour voir ce qu’endurent l’enfant et sa maman. Peut-être est-il mort  ce dieu comme l’annoncera  l’enfant à Jésus !
Quelques questions s’imposent : est-ce que ce père de famille va-t-il se remettre en question ?  Comment  mettre fin aux actes de ce tyran et permettre à cette famille de trouver la paix ? Ce père ne serait-il pas victime d’une lecture erronée de la religion ?
Les femmes sont bien présentes  pour apporter amour et lumière à Thomas. On signale le rôle de madame Van Amersfoort qui s’intéresse aux lettres (mais qui doit s’intéresser aussi à mettre de l’ordre chez elle). L’idée de la réunion du club de lecture chez la famille de Thomas est trop géniale. « Et nous serons la bonne plaie. Celle contre laquelle le pharaon ne pourra rien » dit madame Van Amersfoort à Thomas qui est inquiet d’une telle  idée.
Je prends de plus en plus du plaisir à  lire des romans destinés aux jeunes, moi qui avais un regard un peu hautain sur cette littérature. Cela est, évidemment, rendu possible grâce au cours de littérature de jeunesse.

Genesis



                          
Les deux grosses têtes de notre ………………………………………le chimpanzé sur la première de couverture ne me donne pas envie d’ouvrir le livre. Peut-être me trompé-je, mais l’a priori est déjà là. On se plonge dans une ambiance solennelle d’un examen où Anax doit faire face à un jury pour défendre sa thèse sur la vie et l’œuvre d’Adam Forde. Histoire ! J’adore. C’est parti pour faire connaissance avec ce personnage d’Adam Ford. Serait-il un vrai héros de ce roman ? Suivons l’examen d’Anax et prêtons-lui une oreille attentive.

La vie d’Adam Forde se situe entre  2058 et 2077. Sa naissance survient sept ans après la restauration de la République de Platon, mais qui est ce Platon ? Y a-t-il un rapport entre un monde futur et un philosophe grec  qui a écrit un ouvrage célèbre qui s’appelle La République ? Cette République est-elle une application des idées  du philosophe?

La république dont il est question dans cet ouvrage est fondée sur l’île Aotearoa par une personne, nommée Platon, qui a fait fortune dans la technologie de l’hydrogène. Avec la détérioration des relations entre les grandes puissances du monde et l’imminence d’une guerre destructive, ce Platon  a réussi un système de défense extraordinaire: La grande Barrière Maritime qui isole l’île et la sauve de la Grande guerre. La République est devenue le seul endroit habitable et sa Grande Barrière le théâtre d’abattage des derniers humains qui s’accrochent à la vie. Commence alors l’organisation d’un système spécifique qui permet la sauvegarde de l’Etat. (L’individu n’a pas d’importance face au collectif, le destin de chacun est écrit d’avance selon le rang de naissance)

Anax expose son point de vue et relate la vie d’Adam. Celui-ci fait partie de ces sentinelles qui surveillent la ligne de la grande barrière Maritime, mais au lieu de se comporter comme ses collègues, il manifeste des idées humaines qu’il assume. Il sauve une jeune femme qui s’approche de la barrière. Parce que la population commence à mettre en cause les principes même de la République, Adam Ford n’est pas condamné à mort comme le stipule la loi de la République mais écope seulement d’une punition d’être le compagnon d’Art, un robot mis au point par le philosophe William et dont le développement nécessite l’interaction humaine. On assiste à un huis-clos où Adam dialogue et échange d’une manière tendue avec la machine. Malgré quelques réparties plaisantes, je n’ai pas aimé cette partie centrée sur des thèmes philosophiques tels que la conscience, le libre arbitre et le différence entre la machine (création humaine) et l’humain (issu du hasard)…

Je dois dire que la chute de ce livre est vraiment surprenante.

Je sacrifie quelques secondes à contempler les deux têtes de la première de couverture avant d’abandonner le livre et le ranger là où mon regard ne peut l’atteindre.

L’Affaire Jennifer Jones


                                     
Alice mène une vie normale : elle travaille, elle a un petit ami. Ce qui interpelle au début du roman, c’est son intérêt porté sur  l’Affaire Jennifer Jones : une fille de dix ans qui a assassiné son amie du même âge. Très vite, on comprend qu’Alice est  bel et bien Jennifer Jones. C’est elle qui a commis le crime et qui vit sous une fausse identité, hébergée par une assistante sociale : Rosie. Le lecteur cherche à savoir comment et pourquoi cette fille est-elle devenue coupable d’un fait aussi dramatique que celui de tuer une enfant, c’est cela qui tient le lecteur en haleine. Pour moi, l’idée qu’elle soit coupable ne me convainc pas et ma confiance est totale dans la suite du roman pour prouver qu’elle n’est pas  derrière ce meurtre.
Sa peine purgée, Jennifer Jones est libre. L’opinion publique s’interroge sur l’endroit où elle se trouve. Voilà un détective privé qui vient perturber le repos de la jeune fille. Les affiches avec son visage dessus  et les unes des journaux sont un cauchemar pour cette fille qui commence à goûter à un certain repos après avoir bénéficié de six mois de libération conditionnelle  avant la fin de sa peine.
Petit à petit, on découvre  le passé de la jeune fille avec  une mère qui incarne  un égoïsme démesuré. La petite fille était souvent confiée à sa grand-mère ou mise en maison d'accueil. Les déménagements ont perturbé sa scolarité et sa stabilité affectiveOn ne peut justifier l’acte de cette jeune fille par autre chose que le désengagement de cette femme à l’égard de sa fille.
 « Je veux que tu te conduises vraiment comme une grande fille aujourd’hui et que tu restes seule…comme une grande fille …..J’ai acheté des jus de fruits et des biscuits ». Ta fille n’a pas besoin de ça, elle veut se nourrir autrement, elle a besoin d’une nourriture qui n’existe pas dans les magasins, une nourriture qui n’a pas de prix.
 « Elle l’avait simplement délaissée, rejetée. Abandonnée ». Oui ! Et elle a simplement commis ce meurtre. Simplement.
Un point important dans ce roman concerne la représentation du masculin. L’homme est bien présent dans le roman mais sa présence est très négative. Frankie et les autres personnages masculins n’ont pas de vie romanesque et ne reflètent pas le vrai rôle de l’homme dans la société. Merci Anne Cassidy.
Je termine par le commencement. Le titre, pour moi, ne correspond pas vraiment à cette triste histoire parce qu’il renvoie plutôt aux conséquences d’un comportement anormal d’une fille. Il devrait renvoyer à ce qui a généré ce comportement, c’est pourquoi j’ai choisi : « Maman, ne pars pas ! ». C’était ce que voulait crier Jennifer à sa maman qui s’apprêtait à s’éloigner d’elle pour la unième fois.
Oui, j’ai bien aimé ce roman.