
La machine judiciaire se met en branle. Font leur apparition l’inspecteur George Braxton et le sénateur Harold Gibbons. Ce dernier affirme : « la ville a besoin d’une arrestation ». Une question s’impose alors : pourquoi « une arrestation » (un groupe nominal orphelin. Un déterminant indéfini + un nom sans complément) au lieu de « l’arrestation du coupable » ?...
Puisque Jason est le dernier à avoir vu Alicia, il est interrogé, chez lui, par l’inspecteur Bruxton. Aucune preuve n’est à la charge de quiconque. Un mystère. Un mystère que la justice ne va pas prendre la peine de percer. Elle a Jason comme suspect et elle va le faire avouer. Bruxton est convaincu que l’enfant est coupable. La mission est confiée à Trent, un spécialiste de l’interrogatoire. Il fera son travail moyennant une récompense alléchante : « Faites l’addition vous-même » lui dit le sénateur.
L’interrogatoire est impitoyable. On dirait que l’on est face à un adulte criminel bien accompli : « Il faudrait manœuvrer plus prudemment ». Ici, l’objectif est de faire avouer Jason d’un fait qu’il n’a pas commis. Le garçon répète qu’il n’a rien d’autre à ajouter et qu’il est fatigué mais Trent enchaîne avec des questions qui dépassent l’esprit de l’enfant. Il ne peut plus, ce garçon.
Malgré son intime conviction de l’innocence de Jason, Trent continue son acharnement. L’enfant vient aider la police, mais on lui propose de l’aider. C’est un accusé et il risque gros. Avec cette violence psychologique subie, cette manipulation, cette position de faiblesse et l’endroit étouffant de l’interrogatoire, on sent que Jason va dire une grosse et épaisse bêtise pour se libérer, une parole dont il ne peut mesurer les conséquences. Le moment présent est une éternité, autant en finir en faisant entendre ce que Trent veut entendre.
Que c’est difficile pour le lecteur de terminer la deuxième partie de ce roman.
Que le coupable de la mort d’Alicia soit découvert n’a pas d’importance.
Trent, un actant monstre, a opéré un changement sur Jason, un enfant innocent. Il l’a tué et remplacé par un autre Jason, une créature de l’homme inhumain.
Trouvez-vous qu’il s’agit d’une fin heureuse ?